⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯ HISTOIRE ⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯
L'idée
Lorsqu’il était chef de gare à St-Imier en 1999, Jean-Pierre Kramer a appris que la ligne Bienne – La Chaux-de-Fonds allait être automatisée en 2001 et que toutes les gares seraient en quelque sorte désaffectées ou vouées à une toute autre affectation. Or celles-ci sont les témoins de l’évolution d’une époque et d’un moyen de transport qui ont permis aux gens du Vallon de St-Imier d’aller au delà des montagnes qui entourent cette vallée et de développer le commerce, l’industrie et le tourisme.
Au début du chemin de fer, la sécurité se limitait à très peu de chose. Les aiguillages se tournaient à la main et les trains circulaient sans dispositif de sécurité.
Avec l’apparition de l’électricité se développèrent plusieurs moyens de communication. Les chemins de fer utilisèrent rapidement le télégraphe pour donner à la gare voisine la libération d’une voie, pour annoncer un train spécial ou pour toutes autres communications de service. L’annonce du départ d’un train d’une gare se faisait par un système de cloches. Puis vint le téléphone. Tout se fit alors par ce moyen. Pour finir, on installa des signaux électriques conjugués avec des circuits de voies qui occupaient ou libéraient les tronçons parcourus par les trains. Ces systèmes étaient toujours desservis par des hommes, d’une gare à l’autre. Puis vint l’ère de l’électronique, des puces et de l’informatique. Avec ces nouvelles technologies, plus rien ne s’opposait à ce que les lignes soient télécommandées depuis une centrale et les trains pris en charge par ordinateur.
Dès cet instant, le chef de gare fut remplacé par la machine et sa gare fermée. Ces illustres bâtiments sont transformés en magasins, vendus ou loués à des privés ou pire encore démolis. Bien sûr que tout ce qui se trouve à l’intérieur est rebuté, détruit ou exceptionnellement récupéré par quelques nostalgiques collectionneurs.
Les appareils d’enclenchements, véritables prouesses techniques de leurs époques, sont irrémédiablement perdus. Nos petits-enfants ne connaîtront jamais les moyens utilisés dans les temps passés pour que les trains roulent en toute sécurité. Le Cheminot avec tous ses différents métiers disparaît. La construction et l’entretien des voies se font maintenant avec d’énormes machines. Dans quelques années on ne pourra plus imaginer qu’il n’y a pas si longtemps, tout se faisait à la main, par la seule force de l’être humain. Quel dommage !
Le musée Kramer
Jean-Pierre Kramer a eu le très fort désir d’entreprendre quelque chose afin sauvegarder cette partie de notre patrimoine.
Il fallait faire vite car à Renan BE, la suppression de la cabine d’enclenchement (ancien pavillon vitré) était déjà programmée ainsi que la démolition des appareils d’enclenchement de Renan, qui est un système mécanique à leviers et à transmission funiculaire de 1931, celui de St-Imier, un électro-mécanique horizontal à manettes de 1951 et celui de Sonvilier qui est un électrique type domino de 1985. Ces trois appareils représentent à eux seuls, l’évolution des systèmes de sécurité aux CFF. Avant l’appareil mécanique de Renan, il n’y avait rien et après celui de Sonvilier, c’est l’ordinateur.
Mais où mettre tout ce matériel ? Si ce n’est que pour l’entasser dans un coin, ce n’est pas la peine. Il lui fallait trouver un endroit où il lui soit possible de le mettre un jour en valeur.
Ca devenait une obsession, une envie, un rêve. Il se demandait dans quel lieu ces objets seraient le mieux pour qu’ils continuent de vivre…
Un jour il a trouvé la solution. Il devait acheter la gare de Renan BE. Ainsi, il la sauverait, il pourrait la laisser dans son état actuel et, du même coup, il pourrait en faire un musée. Dans ses pensées, le Musée Ferroviaire du Haut-Vallon était né !
Il lui fallait absolument acquérir cet immeuble. Pour cela il s’approcha du service du domaine des CFF et pour les appareils, de l’ingénieur responsable des travaux d’automatisation.
Pour la maison, cela ne se passait pas trop mal, mais pour les appareils, une fois son désir de les récupérer connu, on a voulu non pas les lui donner, mais les lui vendre à un prix exorbitant alors qu’ils étaient destinés à la ferraille.
J.-P. Kramer était découragé et sur le point d’abandonner son rêve. Mais il ne pouvait pas se résigner à laisser disparaître à jamais ces témoins d’un si glorieux passé ferroviaire de sa région. Aussi il prit la décision de tenter une dernière chose en soumettant son projet et toutes les difficultés rencontrées à son Directeur, M. P.-A. Urech. Une semaine après, celui-ci lui répondait que son idée l’avait intéressé et qu’il donnait mandat à Lausanne d’en faciliter la réalisation. Dès ce moment, tout a changé !
Le 24 janvier à 15h.00 par devant Me Schluep de St-Imier, J.-P. Kramer devenait propriétaire de la gare de Renan avec sa halle aux marchandises et son quai de chargement. Une vieille gare, en pas trop bon état, mais c’est Sa gare. Il allait pouvoir réaliser son rêve.
Dans cette gare, il y a le logement du chef. Il est loué au dernier chef de gare de Renan, à la retraite. Cela permet à J.-P. Kramer de couvrir une partie de ses frais.